Escale marocaine
Lisbone - La Graciosa, par Xavier (Prononcer "chabi")
Départ de Lisbonne, direction encore inconnue, mais cap au
sud…
Nous partons cette fois-ci de nuit, pétole, moteur, froid. On se dit que
« ben il pourrait pleuvoir, c’est pas si pire »… Alors il se met à
pleuvoir …
Petite anecdote : Comme à chaque départ ou arrivée, Yann laisse la barre et la direction de la manœuvre à qui veut. Cette fois c’est Thierry qui s’y colle, et il nous l’a faite grandiose !
Yann (sérieux) : « Bon alors Thierry, comment tu vois la manœuvre, explique à tes équipiers ce qui tu comptes faire et qui doit faire quoi… »
Thierry (sérieux aussi…) : « Ben on largue tout et on
s’casse !!! »
Grand moment…
Quart du matin, le meilleur, celui de 6h à 8h, avec lever de soleil, seul à la barre, dans le silence du large et de l’équipage qui sommeille. Un bonheur difficilement explicable. Se retrouver ainsi, seul, à la barre, avancer à plus de 10 nœuds avec pour seul compagnon sonore le bruit de l’eau et du vent, passer des étoiles à la lueur naissante du jour se levant, puis de se laisser aller quelques minutes à mettre le pilote, se préparer un petit café, juste avant que l’astre pointe le bout de son nez, et s’installer confortablement, emmitouflé dans sa veste de quart, à regarder ce petit disque rouge là bas tout au loin sur l’horizon… Ouais… C’est ça…
Escale technique à Lagos, au sud du Portugal, doublant le
cap le plus à l’ouest de l’Europe, au
coucher du soleil et par bon vent : Sao Vincente.
Alors Lagos, n’y allez pas, c’est nul ! Genre « St Tropez – Cannes –
Juan les Pins »… Aucun interêt, c’est un peu la Dordogne et le Lot du
Portugal : il n’y a plus que des anglais là bas. (et même pas un
pub ! le comble !). Alors on s’casse et direction Essaouira.
Traversée rapide, très rapide, grand largue et 25 nœuds de vent, on marche
fort, 13 nœuds assez fréquemment, des points à 15-16, et un seul empannage pour
finalement arriver en fin de journée à Essaouira, doux bordel du Maroc, où nous
nous retrouvons à couple de « La Belle Verte », des amis de Yann et
de Joseph !
Essaouira… pas facile à raconter… un sacré dépaysement, un changement de monde,
de planète, de gens, de tout. Plus de repères, le désapprentissage reprend. Le
port, les odeurs,les sons, du bronx jour et nuit, un groupe électrogène qui
fait un teuf teuf teuf de puta madre, des pontons qui glissent, une eau dans
laquelle je n’oserai meme pas tremper le doigt, bref : le bordel… et c’est
BON ! Ça vit ! Ça n’arrete jamais, ça vend, ça achète, ça brasse, ça
troque. Epices en tout genre, fringues aussi jolies qu’inutiles, menthe fraîche
pour le thé à bord, et bien évidemment le fameux jeu du marchandage ! Trop
drôle !
Départ au petit matin pour les 240 milles qui nous séparent
des Canaries, Isla Graciosa pour être précis, la plus au nord de l’archipel.
Traversée de tous les records ! 30 nœuds de vent, rafales à 35, record de
vitesse battu de quelques dixièmes de nœuds par Thierry, notre « pilote
automatique » du bord (18 nœuds au surf sur une enorme vague, pendant 10
bonnes secondes ! grisant !), et 10 nœuds de moyenne sur la totalité
du parcours.
Terre. Et quelle terre... paradisiaque. Pas de voitures ou presque, pas de routes, une ile de 27 km2, deux villages d’à peine 500 habitants, quelques maisons toutes blanches aux volets bleus et verts, et c’est tout ! Et c’est bien suffisant. Bon d’accord Yann, t’aurais pu prendre les boules et le cochonnet, vu qu’on avait le Ricard et la plage, mais bon, pardonné…
Alors puisqu’on est bien, qu’on est contents et que l’eau
est à 26°C, ben on va rester quelques jours hein ?!