La route des Alizés
Salut à tous ceux qui sont restés à terre ainsi qu’à ceux rencontrés lors de nos escales, et qui sont sur la grande bleue en ce moment. 5000 milles au compteur depuis le départ de Bretagne, Akela croque la vie et les milles à pleines dents ! Des oiseaux, un cargo, des sargasses à la surface, et aussi quelques gros grains noirs: pas de doute, nous approchons sérieusement des Antilles. La vie du bord ne change pas pour autant. Ce matin, Raphaël assure le quart du matin. Pour lui, la croix du sud se lève et le soleil fait son apparition dans le sillage. A la barre il surf gentiment la petite houle de nord-est. André prépare le pain. Cuit à la cocote, il empli le bateau d’une bonne odeur de fournil. Pierre Henry dort toujours. Il était de quart en milieu de nuit. Aux changements de quart, il fait bon discuter tranquillement sous la voûte céleste, et sur une mer au plancton scintillant. Moments privilégiés, la cohue citadine est bien loin ! Les poissons se font plus rares. Il faut dire que le début de parcours a été fructueux : Une dorade coryphène de 8 kilos a goûté à notre leurre fait maison. Et nous nous avons goûté la dorade à toutes les sauces... Une vraie compét’ entre cuistots s’est engagée, pour le bonheur de nos papilles. Quant aux thons, ils ont assuré le spectacle : Hier sous un grain avec soleil, arc en ciel et tout, une bonne centaine de thons très gros format sautant dans tous les sens à des hauteurs impressionnantes. Sensation de se retrouver au milieu d’un troupeau de bisons détalant au galop. Grandiose ! 11 heure du matin : Le vent faiblit sérieusement. C’est l’occasion d’enrouler le génois et de prendre un bain. En dessous de nous : 5 kilomètres d’eau, d’un bleu profond. L’appréhension est vite dépassée : un par un, nous plongeons de l’avant et attrapons au passage le boute traînant dans le sillage. Demain nous serrons à Saint Martin. Les sentiments sont partagés entre l’excitation de l’arrivée et l’appréhension de quitter ce rythme hors du temps. En attendant, nous nous délectons des moindres instants avant de revoir la terre.